mardi 5 juin 2012

Le paradis d’Ardhuy et les créations de JP à l’Hôtel Paulin

C’est jeudi le 4 juin que s’est déroulé la Dégustation prestige à Hôtel Paulin de Caraquet dans le cadre des activités du 13e Festivin. Animée par Frédéric Brouca, spécialiste des vins représentant le vignoble bourguignon de la famille d'Ardhuy ainsi que ceux du Domaine La Cabotte de la vallée du Rhône, la soirée était d’un pur délice avec en accompagnement les créations culinaires du chef J.P. Challet du réputé restaurant « Ici » de Toronto.

Voici un autre exemple de menu gourmand et de dégustation signé par le Festivin 2009 :

Pétoncles croustillants aux poires et chaudrée de maïs
Ardhuy Beaune Petit Clos des Theurons Domaine d'Ardhuy 2004 39,99$ (376011143891)

Homard poché au beurre et petites crevettes en rémoulade sauce ravigote aux herbes
Ardhuy Corton Charlemagne Domaine d'Ardhuy 79,99$ (376011143808)

Cabillaud au four et galette de crabe des neiges à la rouille
Ardhuy Savigny Aux Clous Domaine d'Ardhuy 2006 45,99$ (376011143105)

Filet de bœuf aux morilles et ravioli sauvage aux quenouilles
Ardhuy Corton Renardes Domaine d'Ardhuy Bourgogne 2006 pinot noir 116,49$ (376011143181)

Magret de canard avec chutney à la rhubarbe et gnocchis de pomme de terre
Ardhuy La Cabotte Garance Domaine d'Ardhuy 2005 - 26,79$ (0376011143044)

Ardhuy La Cabotte Gabriel Domaine d'Ardhuy 2006 - 33,99$ (376011143174)
Ardhuy La Cabotte Chateauneuf du Pape - 2006 - 61,29$ (376011143167)

Tartelette tatin et crème glacée
Château la Caussade 2004 22,49$ (3480597599014)

Dégustation du Black Anvil Shiraz 2005

Nom du vin: Black Anvil Shiraz 2005

Cépage: Syrah - Shiraz
Producteur: Ironstone
Millésime: 2005
Région: Californie
Pays: États-Unis Alcool %: 13.5
Catégorie: Rouge
Prix: 14.79$
Ce vin est disponible au Nouveau Brunswick.
La note le Tire Bouchon: 87
Famille d'arômes
empyreumatiques, épicées, fruitées,

On distingue la girofle, de anis, la grenade et même des notes de jambon fumé au nez.


Notes de dégustation: Un produit de la région de Lodi en Californie dans Central Valley. Pas une intensité et une structure exceptionnelle, mais il compense avec son nez épicé et ses arômes de cerises noires. Les flaveurs épicées et fruitées dominent avec une présence marquée de cerises noires, un vin intense et une finale poivrée.


Accord mets et vins: BBQ, un vin passe-partout pour le grill

Un délire gastronomique au déjà BU!

Lors de la Soirée Prestige qui s’est déroulée à Caraquet le 31 mai dernier dans le cadre du FestiVin, les convives présents au déjà BU! auront été exposé à une grandiose expérience gustative.   D’abord le chef, Stéphane Modat aura démontré son savoir-faire avec ses créations culinaires, autant que le propriétaire et sommelier Robert Noël aura été en mesure de se dépasser dans le choix des vins.  

La découverte du caviar
D’abord en terrasse, les différentes bouchées étaient axées sur des produits du Nouveau-Brunswick.  Si plusieurs connaissaient bien les huîtres La Mallet de Saint-Simon, plusieurs auront fait la découverte des produits de la compagnie Acadian Sturgeon. 
Cornel Ceapa de Acadian Sturgeon et Robert Noël du
Restaurant déjà BU! de Caraquet

Cette maison qui opère dans la région de St-Jean propose du caviar provenant d’esturgeons d’élevage dont Cornel Ceapa (prononcer Chapa) est le propriétaire. Nous avons aussi eu droit à de petits cubes d’esturgeon grillés et noircis à l’olive noire nappés de crème sure en chantilly fumé afin de mettre en valeur la chair de ce poisson autant que son caviar.  

C’est bien connu, le mariage caviar et Champagne représente le nec plus ultra des accords mets et vins.  Nous avons eu la chance de goûter ces produits avec du Champagne Pol Roger Brut Reserve.

Le service du caviar
Pour conserver du caviar, il est important de le placer au réfrigérateur dans sa boîte d'origine. Bien qu’il se conserve pendant un mois, il doit être consommé dans les 3 jours lorsque la boîte est ouverte. Attention, il ne faut jamais congeler le caviar.

Le chef Stéphane Modat à Caraquet
Avant de servir le caviar, il faut prévoir une bonne heure  hors du réfrigérateur avant de le manger. Il est aussi recommandé de déposer le tout sur un lit de glace. Le caviar se consomme directement avec une petite cuillère. Attention, il faut utiliser une petite cuillère en nacre ou en corne, puisque la cuillère de métal altère le goût du caviar.

On dénombre près de 27 espèces d’esturgeons à travers le monde.  Les plus grands producteurs de caviar sont les russes, les iraniens, les français et les américains.   Le Canada est encore un petit producteur mais la qualité fait mention honorable.

Des surprises pour nos papilles
Nous avons été gâté par cette mise en bouche de croquette de terrine de homard, bavarois de poivrons rouges au Pimentón de la Vera, air de safran, mais c’était aussi difficile d’oublier que nous étions à savourer en même temps du Champagne Pol Roger Cuvée Winston Churchill 1999 à près de 175$.


Le homard était de la partie
Le plus bel accord de la soirée a cependant été réalisé sur une piste aromatique inspiré de Papilles et molécules (François Chartier) soit une entrée froide de crabe des neiges, gingembre et mirin, mousse de coriandre et persil frit, huile de wasabi et gelée de citron vert accompagné d’un sublime sauvignon blanc de Nouvelle-Zélande, soit le Te Muna 2010 de l’appellation Martinborough.

L’entrée chaude de homard en civet, gremaux au café, crumble de noix grillées au bacon de porc de Nagano a été merveilleusement concocté par le chef Modat.  Le sommelier a répondu en double avec deux vins pour appuyer cette aguiche avec le cardinal des mers.

D’abord une grosse pointure vineuse en blanc, soit le Gaja Gaia & Rey Chardonnay Langhe 2009 du Piémont  (175.29$), mais aussi un rouge canon de Bourgogne le Bonne-Mares 2008 (218.49$) de Bouchard Père & Fils.  C’est ce dernier que j’ai d’ailleurs préféré au niveau de l’accord.

Vive la résistance
Pour la suite des choses, le chef a offert sa pièce de résistance soit un  morceau de short rib cuit à basse température avec champignons laquées à la sauce soya.  Le tout appuyé d’un tube de kadaif croustillant farci au foie gras fumé, jus corsé au poivre sauvage de l’Assam, de la véritable poésie gustative!

Un délice préparé par le chef Modat et l'équipe du déja BU!


La réponse du sommelier Robert Noël a été expéditive avec deux magnifiques vins piémontais de Gaja la Bomba.  Le Sperrs Nebbiolo 2000 à 274.79$ et le Gaja Darmagi Cabernet sauvignon 2006 à 228.29$. 


L’affaire est ketchup?
Comme si nous étions dans l’attente du feu d’artifice final,  le duo Modat et Noël ont présenté un volet fromage et pré dessert.   Un ketchup de betteraves rouge en soupe, crumble d’esturgeon laqué à la melasse, vinaigre balsamique et clou de girofle, coiffé d’une tuile de gouda.     Deux autres vins de Gaja, provenant de la Toscane sont venu prêter main forte à ce ketchup insolite.   Le Gaja Sugarille Brunello di Montalcino 2004 à près de 155$ et le Gaja Rennina de la même appellation et du même millésime à près de 145$.


Le coup de grâce
Une gâterie pour finir la soirée en beauté!
Enfin pour clore cette orgie gastronomique, le chef Modat nous a présenté un biscuit au thé noir fumé, crémeux, mousse au chocolat noir au caramel et fleur de sel avec crème glacée à la cannelle.  Un Dow’s Colheita Tawny 1999 du Portugal a couronné le tout.  Si nous avions été obligé de payer la facture totale de chaque bouteille des vins consommé pour répéter cette expérience, c’est près de 1500$ qu’il aurait fallut débourser pour ces 10 vins. Pour 175$ par personne, incluant la bouffe, le vin et le service, c’était à vrai dire, sans vouloir être prétentieux ou snob, une véritable aubaine.

Que réserve 2013?
Une chose est sûre,  la barre sera haute une fois de plus pour FestiVin et le déjà BU! afin d’attirer une tête d’affiche pour la 17e édition.  Avec les gens autour de la table, il y a fort à parier qu’on saura sortir un lapin du chapeau.  D’ici là, levons nos verres et longue vie à ce salon qui a le mérite de donner le coup d’envoi à la saison estivale et aux saveurs de l’été de la Péninsule acadienne.


Strasbourg... la ville rose !

Grande dégustation de rosés à la cave des Domaines à Strasbourg en compagnie du maître des lieux, Johan Valleton. Au programme une quinzaine de rosés à déguster, le tout accompagné par un buffer campagnard très sympathique.

Tour d'horizon dans le monde sauvage des rosés frenchie ! L'ordre de dégustation a été pour ma part aléatoire. Je me suis laissé porter par le flot festif...

  1. Domaine Uby - VDP des Côtes Catalanes Cabernet Sauvignon et Franc 2007 - 5.40€
    Mon rosé préféré de la soirée ! Un fruit rouge explosif (fraises) du début à la fin. Tout en fraîcheur. A consommer (presque) sans modération. Très Bien

  2. Domaine du Grand Cros (Provence) - Jules 2007 - 6.40€
    Passe plus difficilement après la rondeur du précédent. Vin sec et dont l'amertume me gêne un peu. Moyen

  3. Château Cailleteau Bergeron (Bordeaux) 2007 - 6.60€
    Voilà qui ne va pas me réconcilié avec les Bordeaux. Manque de matière et alcool trop présent. Moyen-

  4. Château de Vaux (Moselle) - Les Bosères 2007 - 6.20€
    Un château habitué de la cave. Ce rosé de pinot noir nous offre un vin frais acidulé qui se boira bien sous la tonnelle cet été. Bien

  5. Domaine Serge Laloue Sancerre rosé 2007 - 12.60€
    Je crois que j'aime décidemment plus les rosés septentrionaux. Ici point de surplus d'alcool mais au contraire un vin tonique, vif, qui n'a pas oublié son fruit au passage. Seul bémol: un peu cher. Très Bien

  6. Château Villerambert Julien - Minervois rosé 2007 - 5.80€
    Beau fruit mais un cachou trop d'alcool pour se laisser entraîner. Moyen+

  7. Domaine de l'Hortus - rosé de saignée 2007 - 7.95€
    Même constat que dans le vin précédent: l'alcool en guise de clinquant et de fraîcheur. Moyen+

  8. Domaine de La Préceptorie - Coume Marie Côtes du Roussillon 2007 - 12.30€
    J'ai envie de dire qu'avec ce vin, on quitte les rosés. Nous sommes face à un vin à part entière. Quelle matière, quel gras et surtout quelle salinité. L'élevage bois est à ce stade encore trop marqué. A garder (?). Bien

  9. Domaine de La Rectorie- Côté Mer rosé 2007 - 14.90€
    Dans l'esprit du précedent mais en mieux. Ici le bois est parfaitement intégré et ne laisse place qu'à une superbe salinité et sapidité en finale. Un vin de gastronomie là aussi. Très Bien

  10. Domaine de La Préceptorie- Côtes Catalanes rosé Zoé & co 2007 - 6.90€
    Un vin très floral au nez qui cache une bouche un peu austère et construite sur l'amertume. De jolis accords en perspective. Bien
Faites donc le plein de rosés car il parait que l'été va être chaud ! :-)

Vinexpo 2007 en quelques mots…

C’est dans quelques jours soit du 17 au 22 juin que va se dérouler l’un des plus important rendez-vous des professionnels de l’industrie du vin, soit Vinexpo 2007 ouvre les portes de 105 manifestations diverses qui se dérouleront sur le salon, au Parc des Expositions ou au Palais des Congrès de Bordeaux.

2 400 exposants de 45 pays seront présents à Vinexpo. Les principales régions productrices du monde seront représentées à travers des entreprises individuelles et les pavillons de quelques grands pays, comme l'Italie, l'Espagne, la France, les Etats-Unis.


Dans l’œil de la presse mondiale :
Près de 1 200 journalistes venant de toute la planète vin participent chaque année à Vinexpo! Qu'ils soient chroniqueurs vin dans la presse généraliste, rédacteurs en chef, ou journalistes pour des revues spécialisées, tous viennent découvrir de nouveaux produits, appréhender les nouvelles tendances, rencontrer les producteurs, échanger avec les acheteurs…

Un encan délectable :
Jeudi 21 juin, la célèbre maison de ventes aux enchères internationale Christie's proposera une très belle sélection de vins de Bordeaux, de Bourgogne ainsi qu'une collection particulière de vins de Champagne et de vins de la vallée du Rhône. Parmi les lots proposés, citons Pétrus 1982 et 1988, Château Cheval-Blanc 1985 et 1995, Château Mouton Rothschild 1982, Château d'Yquem, millésimes de 1893 à 1982, Domaine de la Romanée Conti 1976 et 1981, Vosne-Romanée Cros Parentoux 1990, Châteauneuf-du-Pape, Cuvée da Capo, Domaine du Pégaü 2000, Champagne Krug 1973, Dom Pérignon 1947 et des magnums de Louis Roederer Cristal Brut 1981.

Une étude sur le 20-25 ans
Vinexpo s'est mis en quête d'écouter les « 20-25 ans », d'analyser leurs valeurs, leurs comportements et leurs attentes. L'étude a été menée par le cabinet BVA sur cinq pays afin d'établir les dénominateurs communs et les différents qui émergent, que l'on ait 20-25 ans à Paris, à Londres, à Tokyo, à Bruxelles ou à New-York.

L'étude révèle l'image et la relation que les 20-25 ans ont avec le vin et met en avant les leviers et les freins à la consommation, leurs perceptions de l'offre, leurs attentes et leurs préconisations. Les défis sont donc importants pour la profession mais l'avenir est prometteur ; les jeunes s'intéressent au vin ! Ces conclusions, passionnantes et parfois surprenantes, sont à découvrir dans cette étude disponible par souscription sur www.vinexpo.com


Un événement culturel et touristique
Jeudi 21 juin sera le trait d'union entre la clôture de Vinexpo et le début de « Bordeaux fête le Fleuve », grande fête populaire. A 23h30, un feu d'artifice géant au cœur de Bordeaux saluera les professionnels du vin et débutera les festivités de Bordeaux Fête le Fleuve. A noter également une exposition des œuvres monumentales de Bernar Venet : douze sculptures, de plus de cinq tonnes chacune, seront exposées dans les principaux sites de l'espace public de Bordeaux. Un fil conducteur original pour découvrir la ville du XIXème siècle et les œuvres contemporaines de cet artiste mondialement reconnu.

Autres chiffres sur Vinexpo
Ensemble, les vins et les spiritueux représentaient un chiffre d’affaires (au stade du détail) de 277 milliards de dollars en 2005 qui devrait approcher 300 milliards de dollars en 2010 !

Pour la 14ème fois depuis 1981, Vinexpo sera, à Bordeaux, du 17 au 21 juin 2007.
La France occupera 61% de la surface d’exposition ; soit une progression de 2,63% des exposants étrangers. Ainsi, en 2007, on peut noter que la Slovaquie sera présente pour la première fois à Vinexpo aux côtés de maisons dont la réputation est internationale.

Vinexpo Asia-Pacific, le Salon International du Vin et des Spiritueux pour l'Asie-Pacifique, se tiendra de nouveau à Hong Kong les 27, 28 et 29 mai 2008.

Viva Italia, hommage au classement italien!

Plusieurs personnes parlent souvent de la France comme un modèle dans le monde du vin pour ses contrôles et son systême de classification des appelations contrôlées. Pourtant les italiens n’ont pas beaucoup à envier à ce niveau, avec un systême qui est propre à leur pays. Le classement italien comme le rapportait Jacques Orhon dans son exellent livre « Le nouveau guide des vins italiens » se répartit comme suit :

23% de la production italienne représente les vins de grande qualité soit les DOCG ou Denominazione di Origine Controllata e Garantica. Il y a 24 de ces appelations sur le territoire italien. Il y a aussi de ce lot les DOC, Denominazione di Origine Controllata qui seraient au nombre de 300.


Dans cette pyramide de la production, on retrouverait 27% de la production regroupé dans les IGT Indicatione Geografica Tipica qui seraient plus de 110 à l’heure actuelle. Ce sont des vins un peu à l’image des Vins de Pays français. Cette catégorie a été instauré au début des années 90. Elle aurait notamment permis à d’exellents vins de table de se réclamer d’une origine précise selon l’expert Orhon. Pour être nommé IGT un vin doit contenir au moins 85% de raisins de la zone spécifiée. Ils sont d’ailleurs contrôlés autant sur le plan quantité que qualité.

Enfin il y les vins de table ou Vino da tavola qui représente 50% de la production totale des vins italiens. Ce sont des vins habituellement de moindre qualité.



Il faut comprendre que l’Italie est divisée en 20 régions. J’aurais l’occasion de vous parler de ces régions dans quelques chroniques à venir. Étant donné que j’aurais l’occasion de participer à une soirée de dégustation de Barolo et de Brunello cette semaine dans le cadre du Festivin, j’ai décidé de vous parler de l’Italie.


Le 2 juin dernier, c’était d’ailleurs la Fête nationale de cet important pays producteur notamment du meilleur vin du monde en 2006 sélectionné dans le top 100 du Wine spectator soit le Brunello di Montalcino 2001, celui de la maison Casanova di Neri.


Il y a d’ailleurs 7 autres vins italiens dans ce prestigieux palmarès soit :
(# 9) Brancaia Toscana Il Blu 2004
(#12) Siro Pacenti Brunello di Montalcino 2001
(#23) Fanti Brunello di Montalcino 2001
(#27) Marchesi De' Frescobaldi Brunello di Montalcino Castelgiocondo 2001
(#32) Pio Cesare Barolo 2001
(#61) Fattoria Petrolo Toscana Torrione 2004
(#81) Avignonesi Vino Nobile de Montepulciano 2003

La plupart son des vins de la Toscane à l’exception du Barolo de Pio Cesare qui provient du Piémont.
Suivez mes prochaines chroniques pour vivre l’aventure du vin à l’italienne.

Que d'eau, que d'eau...


Dominique Andiran rêve "que ça s'arrête enfin", Marcel Richaud ronge son frein en "faisant de la paperasse", Jean-Baptiste Senat a "bricolé en attendant", quand à Eric Pfifferling, il en profite pour soigner - faute de mieux - une "enquiquinante" douleur à l'épaule. C'est peu dire, en tout cas, que ce printemps orageux inquiète mes amis.
"Juin, c'est la période des fleurs, le moment où la vigne est la plus fragile, raconte l'ami Andiran, qui a profité du déluge pour peaufiner la nouvelle étiquette de son Magnus. Chez nous, ça n'a pas été aussi violent qu'en Madiran où certains copains ont déjà perdu les deux-tiers de leur récolte. Mais tout de même: si les fleurs dérouillent, c'est le raisin qui morfle. On joue gros par ces temps là."
Même prière silencieuse en Malepère, chez les Palacios.
"J'ai le feu en mildiou, raconte Frédéric. On a encore pris 18 ml lundi. Presque 80 ml en un week-end... 140 pour le seul mois de mai, c'est 3 fois plus que d'habitude. Je cours partout... Et le pire c'est que je peux pas rentrer dans les vignes de peur de tasser les sols. Et jusque-là, je ne pouvais pas traiter non plus, parce que mes produits sont lessivables (les produits bio sont des produits de contact, moins accrocheurs que certains produits chimiques qui eux "pénètrent" la plante, ndla)!"
En Côte du Rhone où la pluie est pourtant tombée drue, on se veut plus philosophe. Mais chez Pfifferling comme chez Richaud, des premiers signes de mildiou, mais aussi le Rot brun, ont fait leur apparition sur les grappes.
"C'est vrai que c'est un cap difficile, reconnaît le vigneron de Tavel, qui a fait voeu d'intervenir le moins possible dans ses vignes. Les tonnes d'eau qui sont tombées ont lessivé le cuivre et le soufre qui nous protègent du mildiou et de l'oïdium... Alors maintenant, "wait and see"!"
A quelques encablures, appareil photo en bandoulière, Marcel Richaud regarde avec appréhension ses vignes blanchir sous une pluie fine. Le Grenache et le Carignan sont déjà en fleurs (photos ci-dessus et dessous), tandis que les futures grappes de Syrah agitent au vent leurs capuchons.
"Notre chance, explique justement Marcel, c'est le mistral qui s'est levé. C'est lui qui va nous "sauver" des eaux... Enfin, il ne faut pas noircir le tableau, tempère-t-il aussitôt. Moi je trouve que vu ce qui est tombé (110 ml en quinze jours sur Cairanne, ndla), la pression des maladies n'est pas si forte que ça. Peut-être parce que la terre avait besoin d'eau et qu'elle l'a absorbée. Peut-être aussi parce que le bio, l'enherbement naturel, rendent nos vignes plus résistantes. En tout cas, moi, je veux y croire".
Croyance partagée - et avec quelle force! - par Bertrand Gautherot. Champenois de naissance, le créateur de Vouette-et-Sorbée est, par terroir, un habitué des "aléas climatiques". Les "printemps pourris" ne l'émeuvent pas.
"Franchement, ça m'étonnerait que la vigne sorte indemne de la série qu'on vient de connaître, concède-t-il. Mais que veux-tu? Faire comme les gars du village autour? Paniquer, s'inquiéter de l'apparition des premières tâches de mildiou? Se dire que la récolte est foutue? Sur-traiter au risque d'avoir des vignes rabougries? Non... Je préfère encore perdre une partie de la récolte que d'assommer le sol. C'est vrai que je suis un peu envahi par l'herbe, que j'ai pris du retard, qu'en cave les "malo" (fermentation malolactique, dernier stade la fermentation du vin ndla) se font attendre... Et alors? Cette année encore on fêtera tous Noël en décembre, non?"
Alors 2008, année pourrie? "Ne sacrifiez pas trop vite le millésime", plaident encore les Gautherot, qui, pour la première fois cette année ont poussé la logique bio-dynamique jusqu'à ne pas du tout traiter une petite parcelle. "Un essai à zéro protection", comme dit Bertrand. Pour mesurer la véritable pression des maladies sur la vigne.
"Avec ça, au moins, ajoute-t-il, on en aura le coeur net. On saura si ça valait le coup de monter dans les tours...".
Moins habitués à ces printemps diluviens, les sudistes de leur coté se veulent optimistes.
"On n'a pas dit notre dernier mot, plaident en choeur Frédéric Palacios et Jean-Baptiste Senat. Les jeux ne seront faits qu'aux vendanges. Et puis l'eau, faut pas oublier, que ça peut aussi être une bénédiction dans le Sud, sur des vignes bien menées. Mais si ça continue comme ça ce qui est sûr c'est que ce sera encore une "année vigneronne". Seuls les meilleurs s'en tireront".
Rien de tel qu'une année difficile, dit-on, pour séparer le bon grain de l'ivraie. A condition de ne pas avoir tout perdu avant, diraient les 5000 viticulteurs rassemblés hier à Carcassonne. A condition aussi que le soleil finisse par s'installer durablement sur les vignes...