mercredi 29 août 2012

Clic, clic...


C'est (re)parti. Avec quelques semaines d'avance, la plupart des Amis ont retroussé les manches et sonné le rappel des arpettes pour s'atteler à la nouvelle vendange. En avance, comme chacun le sait. Mais toujours avec l'angoisse au ventre. En Malepère, en ramassant ses premiers raisins, samedi, Frédéric Palacios est ainsi tombé sur quelques "barbus", des baies attaquées par un champignon filandreux qui donne l'impression, comme son nom l'indique, que la grappe a "de la barbe". Il n'en fallait pas plus pour chatouiller les nerfs.
"On joue sur le fil, concéde-t-il... C'est parfois juste, ce ne sera pas forcément facile cette année, contrairement à ce que tout le monde veut faire croire. Alors, on croise les doigts... Mais ça y est, j'ai lancé ma première presse de blanc! 13 sur la baie, c'est beau. On croise les doigts pour qu'il ne tombe pas d'eau dans la semaine, parce qu'on va sans doute tout enchaîner. Mais ça devrait le faire..."
Il est heureux parce que deux de ses vendangeurs de l'année oeuvraient déjà pour son grand père, le bien nommé Père Bouteille, cafetier et vigneron à Arzens. "C'est un signe", veut-il croire: quand vient la vendange le vigneron devient superstitieux. Ainsi, à l'autre bout de la France, au coeur de l'Aube champenoise, Bertrand Gautherot (à gauche) se soigne-t-il à coup de facéties et de dictons:
"Ici on dit: "année en 1, année de rien", rigole-t-il pour conjurer le sort. "On a touché de gros raisins, gorgés d'eau avec des peaux fines et fragiles. Les doigts collent, le jus coule... T'as compris que je n'étais pas content de ma vendange. J'ai voulu commencer jeudi dernier, j'aurai dû attendre. Mais le temps, les menaces de pluie, m'ont forcé la main. Difficile décidément, de jongler entre la météo, les prévisions des "pros", la disponibilité des vendangeurs... Et l'impatience d'Hélène!"
Hélène, son épouse, elle, assure l'intendance. En cuisine, le moral des troupes remonte vite. D'autant que les menus des repas de vendanges sont soignés: langue de boeuf, coq au champagne, mousse au chocolat, le tout arrosé de Fidèle et ponctué de parties de Tarot endiablées, qui ne disent pas l'avenir... Mais permettent au moins de tromper l'anxiété.
"Tu sais ce qu'on dit, ajoute Bertrand, malicieux: "le vigneron se plaint au moins trois fois l'an: une fois du gel au printemps, puis de la grêle en été et enfin lorsque les vendanges sont rentrées... Il s'aperçoit qu'il n'a pas acheté assez de barriques pour tout stocker!". Bref, jamais content! Le pire c'est, qu'en plus, on n'est pas à l'abri d'une bonne surprise!".
Lucide, à défaut d'être franchement optimiste... La joie sera pour plus tard, après de longs mois de veille devant les cuves et les barriques. Car du Nord au Sud, de l'Alsace au Languedoc et de la Loire au Jura, tous ont la même boule au ventre. Et on dira après ça que le vin se fait tout seul...

Quelques nouvelles de l'Acadie du vin

Pour ceux qui ont eu la chance de lire l’édition du 26 août dernier de L’Étoile, un article sur le Restaurant Déjà BU de Caraquet a été présenté. Le propriétaire et ami Robert Noël parle du concept de son restaurant qu’il décrit lui-même comme de la « fun cuisine » au lieu de la fine cuisine. Le sommelier indique aussi dans cet article qu’il fera une ouverture officielle de son restaurant le 21 septembre et non le 21 août comme c’est écrit dans l’article. Après plus d’un mois d’opération, le Déjà BU s’avère un succès qui ne se dément pas avec beaucoup d’achalandage et ou il est nécessaire de réserver car plusieurs personnes se sont vu dans l’impossibilité d’y parvenir tellement la demande est forte. Vous pouvez maintenant consulter le site web du Déjà BU.


 
Dans un autre ordre d’idée, le festival des vins de Moncton va se dérouler cette année encore au Complexe du Colisée de Moncton du 30 octobre au 6 novembre. Les grandes dégustations vont se tenir durant le dernier week end de l’événement soit les 5 et 6 novembre. L’Expo vins et gastronomie du monde en sera à sa 20e édition. Le programme complet de l’événement devrait être disponible sur le site Internet du salon de Moncton dès le 6 septembre prochain. Pour l’instant le site est en construction...

 
Quelques nouveaux produits viennent de faire leur entrée chez Alcool NB. En effet plusieurs nouveaux vins sont disponibles depuis quelques semaines seulement. Voici d’ailleurs une liste non-exhaustive de quelques produits qui ont retenu mon attention.

 
D’abord pour les rouges :
  • Sandhill Small Lots One un vin de Colombie-Britannique à 34.99$
  • Mission Hill Family Estate Quatrain, un beau vin de cette maison de Kelowna dans l’Okanagan à 39.99$
  • De l’Argentine il y a le Trivento Golden Reserve Malbec à 27. 29$
  • D’Australie, j’ai retenu le Hardys Oomoo GSM à 21.99$

 Pour les amateurs de Bordeaux, il y 4 nouvelles additions dont les prix varient entre 21 et 35$.
 
  • Château Gadet Cuypers Medoc (21,79$)
  • Château Listran Medoc (26,79$)
  • Château Malescasse Haut Medoc (34,48$)
  • Tours de Charmail Haut Medoc (32.79$).

 
Je n’ai pas oublié les vins italiens, mais disons que la liste contient une quinzaine de produits. Mon attention s’est bien entendu arrêtée sur le millésime 2007 de la maison Antinori, soit le prestigieux Tignanello à 95.99$. Il n’y a que 60 bouteilles dans toute la province.

 

Ma dernière recommandation en rouge est un vin de Californie soit un Caymus Zinfandel à 38,79$.

 
Pour les blancs :

 
Quelques vins d’Italie dont le Terre da Vino Gavi DOCG à 15.29$, le Mezzacorona Riserva Pinot Grigio Trentino IGT à 19,99$ et le Dogajolo Bianco IGT à 18.99$.

 
De la région de Bourgogne en France deux produits sont à surveiller soit le Château Fuissé Saint Véran Les Morats à 23,49$ et le Louis Jadot Couvent des Jacobins Chardonnay à 23.49$.

 
Enfin de la Californie, le Cupcake Chardonnay à 15,29$ et le Mirassou Pinot Grigio à 14,99$.

 

REDECOUVREZ LES INCONTOURNABLES DU VDMA

En cette rentrée, le VDMA vous propose de redécouvrir les vignerons qui ont fait le bonheur du blog depuis sa création. A tout seigneur tout honneur, parce qu'il a été l'un des initiateurs de cette aventure des "amis", revoici le portrait de Jean-Baptiste Senat et de sa femme Charlotte, révolutionnaires en Minervois.


Senat ou le coup d'éclat permanent.

Il a repeint la porte de la cave. En rouge, comme il se doit. Fait tomber les rambardes en pierre, trop instables à son goût. Dans la cour, le vieux pressoir, lui aussi, a pris un coup de jeune. Bientôt c'est dans les anciennes cuves en béton du Domaine, transformé en bureaux, que Charlotte, sa femme, accueillera les visiteurs
"Il faut ça, il faut que ce soit beau, si on veut que les gens aient envie de venir nous voir", commente Jean-Baptiste Senat, chemise hors du pantalon et main éternellement tachées de tanins.
Les "particuliers"... Voilà donc le nouveau public du Domaine Senat, devenu en quinze ans l'une des figures du nouveau terroir languedocien. Cette année-là, lui le chouchou des cavistes natures et des restaurants branchés, c'est pour "les particuliers" qu'il se met en frais. Ces inconnus qui ne connaissent de la Nine, d'Arbalète ou d'Ornicar que les étiquettes design (signées Gianfranco Pontillo) et la bouche croquante.

Symbole de cette nouvelle ère: à
l'entrée de la cour, au bout de la rue de la Forge, les Senat viennent de replanter un jeune cyprès pour faire pièce à celui qui s'élève, altier, contre la colonne de droite.
"Dans la région, le cyprès c'est un signe de bienvenue, clame fièrement Jean-Baptiste
Et ce coté "portes ouvertes" et maison de verre, c'est un sacré virage pour celui qui entretient avec malice dans le métier sa réputation d'ours mal léché. Provocateur, autant que créateur, Jean-Baptiste c'est le rebelle du Minervois. Parisien aux racines languedociennes, ancien étudiant en Sciences Politiques, reconverti dans le vin sur un coup de tête, un beau jour de 96, il n'a cessé depuis de bousculer les habitudes du Minervois... Au risque de se faire quelques solides ennemis.

La revue Eating Paris résuma un jour sa position en une photo, aujourd'hui affichée au dessus du bureau de sa femme Charlotte: une bouteille d'Ornicar transformée en cocktail-molotov. "Pour se dé-fragmenter de plaisir" disait le texte (Ed.Tatami). Pas mal pour un type né en 68 du coté du boulevard Saint Germain...
" Je suis venu là pour me trouver, raconte-t-il, les deux pieds plantés dans la terre de ses vignes. Je n'étais tout simplement pas programmé pour ça. Mon frère est magistrat, ma soeur est médecin, je crois que mon père rêvait pour moi d'une grande école... Dans le cursus familial, science pô, c'était le service minimum. Mais je ne le sentais pas... A 25 ans, j'avais le sentiment que ma vie était finie. Ici, il y avait des terres, des vignes, des raisins. Avec Charlotte on a tout quitté pour s'installer là. Elle m'a donné cette force et ici, enfin, je me suis trouvé. Dans le travail. La saine fatigue d'une rude journée. Les courbatures... J'aime ça. J'ai tout de suite aimé ça."
C'est lorsqu'il est dans ses vignes que l'homme est le plus heureux. Lorsqu'il parcoure ses vieux ceps ou surveille ses vinifs à la cave. Armé d'une pioche, ce jour-là, Jean-Baptiste fignole le travail du tracteur.
"En fait, on "décoiffe", raconte-t-il avec gourmandise. On décavaillonne, comme on dit ici. On casse le caoucel, le petit monticule de terre qui protège les pieds de vigne. C'est une vieille technique de désherbage mécanique... Du même coup, on vient casser les petites racines les plus superficielles, pour obliger la vigne à plonger profondément dans la terre et à profiter pleinement du terroir. En juin, on viendra"coiffer" tout ça, remettre la terre dans la rigole, pour finir d'étouffer les mauvaises herbes".
Il y a de la jubilation dans cette façon de tracer un sillon, patiemment, là où le temps avait fini par effacer les ornières.
A Trausse, il élève désormais ses vignes et ses trois enfants avec un plaisir égal.
Mais ce bonheur ne l'a pas assagi. Et tant mieux pour ceux qui aiment ses vins.
Débatteur redoutable, à l'occasion tranchant, Jean-Baptiste n'a jamais caché ses convictions:
"Je crois à des vins de terroir, plus justes, plus précis, explique-t-il. Plus digestes aussi parce moins tanniques. Plus près du fruit. J'en ai assez de ces "classiques du Languedoc"qu'il faut attendre dix, quinze ans... A l'arrivée ils sont bien là, pas de doute. Mais ils ne m'épatent pas."
Un brin sectaire ?
"Je ne crois pas, répond le vigneron. Je ne condamne pas une démarche par principe. Il y a un mois par exemple, j'ai visité Tariquet. C'est industriel, pas bio mais c'est cohérent. C'est pas mon truc, mais je respecte".
Jean-Baptiste, décidément, est un homme complexe. Intransigeant et curieux, il aime les vents contraires et se nourrit volontiers d'influences paradoxales. Comme sa vigne, il retient ce dont il a besoin et laisse filer le reste. Mais c'
est aussi un insatiable découvreur qui n'aime rien tant que dénicher les jeunes talents de demain.

Charlotte (à droite), sa femme, n'est pas en reste. Jeune agricultrice désormais diplômée, cuisinière de génie et organisatrice hors pair, c'est elle qui met en musique chaque année les fameuses dégustations du "Vin de mes Amis". Là, se retrouvent les maîtres auxquels le couple voue une admiration sans borne d'Arena à Foillard,
de Gautherot à Valette, en passant par ces petits nouveaux auxquels ils aiment faire la courte échelle.

Pour cela comme pour le reste, Jean-Baptiste a un vrai talent. Un talent explosif... Rugueux et généreux comme ce Languedoc auquel il aspire tant ressembler. Voilà pourquoi, l
orsqu'un vigneron comme celui-là ouvre ses portes, il faut s'y précipiter. Avant que l'animal ne change d'avis... Ou d'adresse. Avec lui, on n'est jamais tout à fait à l'abri d'une révolution.

Jean-Baptiste et Charlotte Senat, 12 rue de l'Argent-double, 11160 Trausse. 04.68.78.38.17.



L'Atelier du Sommelier (Niederbronn-les-Bains)

Quelle belle découverte que ce restaurant perché sur les hauteurs de Niederbronn-les-Bains!

Dans la pure lignée de la Clé des Champs à Nordhouse, l'Atelier du Sommelier propose une cuisine de saison à des prix doux, le tout agrémenté par une carte des vins très fournie (très belle sélection entre autres de la vallée du Rhône Nord, Roussillon et Bourgogne).

Ce repaire gourmet est géré d'une main de maître par Stéphane Knecht, le jeune sommelier souriant propriétaire du local. D'une solide formation cuisine, il a complété son cursus au CEFPPA d'Illkirch par une mention complémentaire sommelerie et a entre fait ses armes au Crocodile à Strasbourg.

Outre la possibilité de déguster au verre un bon nombre de flacons à la carte, Stéphane est à ses heures caviste et ouvrira d'ici peu son site de vente de vins en ligne (récupérer ses achats au restaurant). On attend avec impatience Sotanum et ses petits frères!

La soirée étant trop fraîche, nous n'avons pas pu profiter de la très belle terrasse et nous nous sommes rabattus à l'intérieur dans une ambiance cosy où les tables sont entourés des nombreux flacons mythiques dégustés sur place. C'est un vrai plaisir de se balader dans le restau à contempler les étiquettes tel un gamin devant les vitrines d'un grand magasin à noël!

Joyeusement bercé par la valse des saveurs du menu Epicure (amuse-bouche, gambas à la plancha, fricassé grenouille escargot sur risotto, oie en croûte céleri et purée maison, duo crème brûlée vanille et glace pistache maison à se rouler par terre pour seulement 35€), notre coeur a penché pour le Saint-Joseph blanc Mairlant 2005 du domaine François Villard. Un vin aux aromes complexes et envoûtants (un nez à tirroirs!), où l'élevage en fût est parfaitement maîtrisé, offrant une bouche longue et fraîche (citronnée - on ne dirait pas que ce vin a fait sa malo) avec une pointe de fumée et de minéralité en finale. Quelle harmonie!

Bon à savoir: Stéphane organise des soirées à thème avec des vignerons (Gangloff, Marc Parcé..). Viivement que son site soit en ligne que l'on puisse consulter le programme des prochaines paulées! Vous l'aurez compris, il y a bien mieux à faire à Niederbronn qu'aller à son casino!

L'Atelier du Sommelier
Stéphane Knecht
35 Les Acacias
67110 Niederbronn-les-Bains
Tel 03 88 09 06 25